AU-DELÀ
Un dimanche, veille de la Toussaint, je me suis baladée dans le cimetière de St Leu et ce que j’y ai vu m’a remplie de joie : après le vivre ensemble, j’ai rencontré le mourir ensemble.
Les frangipaniers, emblèmes de la connexion à l’au-delà, embellissent et embaument ce lieu qui ressemble à un beau jardin créole. A l’image de la Réunion, les tombes sont colorées, mélangées et métissées. Le côté musulman est veillé par les quelques tombes juives et couronné par les chinois catholiques. Les symboles hindous « jouent des coudes » avec les crucifix au Christ bleu.
Cet homme créole malbar/zarab, croisé sur mon chemin dans le cimetière, me rappelle l’importance de la tolérance dans la pratique de nos croyances. Encore plus sur l’ île, ce haut lieu de métissage. Pour cet homme, il n’existe qu’un Dieu, mais différentes façons de l’honorer et, malgré les connaissances accrues de la nouvelle génération sur le monde, nous semblons régresser dans notre humanité.
Dans ce lieu de voyage ultime, l’humilité et l’acceptation de l’autre tel qu’il est, prennent toute leur dimension. Le monde du paraître, de l’avoir et de l’individualité semble bien illusoire. Qui sommes nous, si ce n’est des êtres de chair faisant partie d’un tout ? Incarnés pour expérimenter, partager et évoluer avant de repartir ... ou renaître ailleurs selon les croyances.
La mort fait partie de la vie, elle nous oblige à comprendre notre mission, notre but, trouver un sens à notre existence. Etre et vivre, ici et maintenant. Et dans les allées du cimetière coloré, me sont revenus les mots de Gandhi :
« La vie est un mystère qu’il faut vivre et non un problème à résoudre »